Meilleurs Blu-ray 3D sortis en 2016 : 12e place
Image & Profondeur : | |
Jaillissements : | |
Bilan 3D : |
Note
Bilan 3D : 4,8/5
Nous vous proposons aujourd'hui un test particulier sur un contenu un
peu exceptionnel ! Vous savez que nous aimons tester tout ce qui existe ou a existé en matière de 3D, surtout les contenus marginaux ou exotiques, et vous allez découvrir aujourd'hui qu'un opus d'une des licences les plus cultes de l'histoire du cinéma, j'ai nommé, JAWS, a été tourné en 3D à la source ! Oui vous lisez bien, le 3e opus des Dents de la mer, baptisé Jaws 3-D lors de sa sortie en 3D dans certains pays, dont les US en juillet 1983, est issu d'une captation en 3D native ! Et nous allons découvrir ensemble que Joe Alves, réalisateur de ce film 3D, (anciennement connu pour avoir été le directeur artistique du 1er opus culte des Dents de la mer en 1975), nous livre ici une vraie leçon contemporaine de 3D, et ce il y a plus de 30 ans ! Ce contenu s'est retrouvé porté par la technologie SENSIO 3D pour le home cinema avec une sortie en DVD 3D en avril 1999 (cela fonctionnait en Home Cinéma avec un système SENSIO composé de lunettes Elsa 3D, du SENSIO 3D Encoder et du SENSIO® 3D Decoder). Depuis la norme 3D SENSIO a été réintégrée
dans de nombreux systèmes Home Cinéma (HDTV 3D) puisqu'elle s'apparente
globalement à du SBS ou TB. Nous avons d'ailleurs déjà testé ce contenu sur un disque expérimental en 2015. Mais il faudra attendre enfin la gravure sur Blu-ray 3D en 2016 pour le rendre accessible à tous : voici le verdict technique !
Le premier constat concerne l'effet de profondeur 3D : il se montre énorme : le réalisateur apparait immédiatement comme un génie d'époque 30 ans avant notre période 3D contemporaine ! Certes le visuel du film est daté et pour cause, et on vous demandera un petit effort pour mettre de côté tout jugement de valeur sur l'aspect éloigné des standards de définition et piqué d'un Blu-ray 3D au visuel top démo. Toutefois il faut avouer que sur de nombreux plans (surtout de jour), la remasterisation de notre édition surprendra fortement. Et en matière de parallaxe, autant dire que le réalisateur a parfaitement compris non seulement les bases, mais les règles de l'art pour capter nativement ses acteurs, et ce bien avant les futurs réalisateurs plus contemporains ! A commencer par une quasi absence de flou d'arrière-plans qui se montre insolente, surtout au vu des caméras d'époque et de la définition disponible. On trouve une profondeur 3D souvent superbe aussi bien sur les plans larges que les plans semi-rapprochés. Même les plans rapprochés sont régulièrement réussis, car une composante se montre plutôt exceptionnelle dans le film : le détachement 3D, qui assure une spatialisation efficace et ultra réaliste dans ce film. On appréciera d'ailleurs que privilégier la captation d'environnements toujours réels avec de vrais acteurs, via cette maîtrise 3D d'époque, engendre un réalisme et un vrai sentiment d'authenticité dans les décors. Tout ceci serait parfait, si une contrainte inhérente au matériel de captation d'époque ne venait pas jouer les trouble-fêtes : des artefacts lumineux. On imagine la difficulté d'époque à homogénéiser les niveaux de contraste entre l’œil droit et le gauche, et la captation des niveaux de gris/noirs et des reflets en fonction des 2 optiques ! Pourtant la solution choisie à l'époque était avant-gardiste : une seule et unique caméra munie d'un adaptateur double lentilles, l’œil gauche et l’œil droit étaient ainsi captés en même temps et fixés sur la même pellicule 35mm (l’œil gauche sur la moitié supérieure de l'image, le droit sur la partie inférieure). Les avantages de cette technique étaient évidents : montage avec une seule machine, meilleur confort de visionnage, absence d'images fantômes, colorimétrie respectée... Seul défaut, une définition réduite proche du 16mm, et une difficulté à contenir les artefacts lumineux. On avait retrouvé ce syndrome dans le dernier Banshee Chapter 3D, et si vous êtes très sensibles aux variations furtives de luminosité sur certains plans entre chaque œil, passez votre chemin ! Certes les puristes vont cligner de l’œil, mais vu la profondeur 3D délivrée en permanence, cela vaut quand même le coup ! A noter le soin également apporté aux séquences sous-marines avec une visibilité souvent surprenante ! Par contre, qui dit profondeur souvent excessive, dit l'utilisation à outrance de parallaxes de lointains souvent délirants ! Traduction ? Un écartement au loin entre les 2 images qui met K.O le cerveau par moment ! Vous voulez quelque chose qui dépote à l'ancienne ? Ne cherchez pas vous avez trouvé ! Heureusement que le manque de définition de certains arrière-plans, contours ou textures en arrivent à calmer le jeu en noyant provisoirement l'intensité de la profondeur 3D. Un comble d’espérer en arriver là parfois ! Et les jaillissements dans l'histoire ? Si la profondeur 3D fait dans le démonstratif, les jaillissements ne font pas non plus de la figuration. Ils sont même pires en intensité ! Si le réalisateur montre une forme de génie pour la captation en 3D native sur la profondeur 3D, il confirme définitivement sa virtuosité dans la mise en scène 3D des jaillissements permanents, en permanence (un vrai pléonasme). Rappelez-vous qu'un bon film 3D classique propose souvent des jaillissements permanents et débordements à 1m-1m50 hors de l'écran sur les bustes ou décors (hors jaillissements démonstratifs). Imaginez maintenant que dans Jaws 3-D, c'est plutôt 2m-2m50 de manière hyper fréquente, et même 3m parfois ! La foule, des héros de premier plan qui s'affichent à 3m pendant qu'ils parlent, c'est très fréquent ! L'art dans l'histoire, c'est la maîtrise parfaite des cadrages pour éviter un max de windows conflicts ! Là se trouve une forme de génie ! Car vouloir mettre en tâche de fond un max de jaillissements pendant la captation, c'est une chose, réussir à le faire en évitant les écueils des windows conflicts classiques, et ce en plus malgré un format 2.35, c'est la grande classe ! Dur d'imaginer que le film a plus de 30 ans dans son ADN 3D, et que le réalisateur avait tout compris probablement avant tout le monde ! Le pire, c'est que si vous décodez son cahier des charges, vous pouvez imaginer la suite : si de base les petits débordements ou jaillissements permanents sont à 2m-2m50, alors qu'en est-il des vrais gros jaillissements du film ? Ils tuent littéralement la vue ! Vous voulez du no-limit, des séquences ponctuelles à la Sammy 3D où on détourne quasiment le regard tellement c'est violent (oui on appelle ça aussi un jeu PC 3D vision réglé sur-mesure) ? Et bien sur 15-20 séquences dans le film, on touche le paroxysme de la catégorie, le nirvana, voire même le too much ! Comment ça ? "3m50 sinon rien", c'est un peu le slogan publicitaire de ce film dans notre salle munie d'un écran de 4m, avec un canapé placé à 'seulement 4m'. Parce que quand le réalisateur met la gomme, c'est une main lourde qui déclenche une tornade stéréoscopique que seuls les plus téméraires pourront supporter ! Déjà bien avant le label documentaire IMAX, le réalisateur réitère en aussi bien des séquences de jaillissements de poissons à plus de 3m50 ! En vrac, on a une tête de poisson dévorée à plus de 3m, une murène affichée à presque 4m, un requin qui traverse la vitre d'une salle de contrôle et s'affiche dans toute la pièce jusqu'à plus de 3m50 (séquence célèbre pour son rendu particulier), des plongeurs avec des postes à souder jaillissants qui touchent le canapé pendant 1 minute, une perche aquatique qui vient piquer le canapé, une seringue hypodermique menaçante de 1m de long qui frôle la tête du spectateur et sur laquelle on appuie pour libérer un effet de projection de liquide dantesque, des drapeaux qui sortent de plus de 3m, un bras de squelette qui vient presque toucher le canapé, un moignon de bras arraché, des éclaboussures violentes, une statue jaillissante qui transperce le canapé, une caméra placée à l'intérieur de la gueule du requin qui filme comment il vous mâchouille, et pleins d'autres du genre, et toujours sans aucun windows conflicts ! Par contre ils sont vraiment excessifs, et on en voit déjà certains qui vont reculer le canapé ou fermer les yeux pour minimiser les effets ! On vous invite à lire la section 'Jaillissements 3D' de ce test pour avoir l'inventaire des effets 3D. Au final, Les Dents de la mer 3 en 3D, c'est tout d'abord un voyage découverte sur les traces des origines de notre passion commune : la 3D ! Un reportage passionnant pour voir comment en 1983, un réalisateur visionnaire a su déjà s'illustrer dans l'ombre, grâce à une maîtrise surprenante de la réalisation et mise en scène 3D. Et le monsieur s'y connait en matière de cadrages car chaque plan est pensé à 200% pour la 3D : chaque caméra est positionnée judicieusement pour capter le plus de relief possible. A côté de cela, il faut savoir que la pellicule est datée à plusieurs niveaux : la définition (DVD inside), le piqué, les quelques effets spéciaux (le requin en carton) ! Cette mise en garde faite pour celui qui cherche uniquement des standards de visuel ultra HD, et qui passera ici son chemin, on peut maintenant poursuivre et recommander aux autres de visionner un jour ce film pour décrypter toutes les bonnes idées déjà présentes dans ce film, et ce il y a plus de 30 ans ! Car ce papi de la 3D donne en 2015 encore une véritable leçon de gamme et d'intensité stéréoscopique à beaucoup de films 3D récents ! Certes le mot d'ordre dans ce film, c'est souvent too much, avec l'envie de démolir l'audience avec pas mal de coups extrêmes et bien placés tout le long du film ! C'est aussi bien une force qu'une faiblesse, car certains reprocheront ce manque de finesse, et la brutalité dans le dosage de certains passages qui forcera à fermer les yeux ! Pour un film ancestral et nativement 3D, premier coup d'essai pour ce jeune réalisateur, il y a quand-même de quoi lui tirer son chapeau, et on ne blâmera jamais quelqu'un qui place son ambition très haute et qui se donne les moyens de sortir des sentiers battus ! Dommage pour tous ces artefacts lumineux qui trainent sur la pellicule, qu'on a pardonnés 'exceptionnellement' en conservant cette très bonne note finale (en temps normal, on serait resté en deçà du 4/5 sinon) : on rêverait maintenant de revoir sur le même modèle des films modernes analogues, animés par cette même fougue qui caractérise les pionniers qui explorent de nouveaux horizons : en réfléchissant, on peut presque dire que Jaws 3-D, c'est l’ancêtre d'un cultissime Voyage au Centre de la Terre 3D ! On peut s'accorder facilement sur l'expérience marginale qui découle de ce visionnage, et dont les défauts attirent néanmoins la sympathie eu égard à tout ce que l'on vient de lister ensemble ! Nul doute que si Joe Alves avait fait ce film avec la technique disponible en 2014, il aurait fait un film parfait et top démo à tous niveaux ! Ainsi on sort du film avec le cerveau un peu à l'envers avec tous ces excès visuels 3D positifs et négatifs qui tirent sur la vue, mais c'est ce qui en fait un film 3D atypique qui trouvera certainement son public, même 30 ans plus tard, histoire d'expérimenter quelque chose de différent !
Franck Lalane
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